Au cours des dernières décennies, le monde s’est transformé considérablement avec l’intensification du travail, l’adaptation des salariés aux nouvelles technologies, l’utilisation accrue des nouveaux modes de communication, la tertiarisation du travail, sans compter l’instabilité économique. Ces changements sociaux, économiques, organisationnels et technologiques ont des répercussions sans équivoque sur la santé mentale des salariés. Selon les experts, d’ici 2030, les coûts mondiaux liés aux problèmes de santé mentale s’élèveront entre 3 000 et 6 000 milliards de dollars, sans oublier les effets délétères de la maladie sur la personne concernée et son entourage. C’est dans ce contexte que le 1er colloque francophone international entend se pencher, notamment sur la santé mentale et le travail.

Les chercheurs et intervenants ont progressivement intégré dans leurs études ou interventions de nature biopsychosociale, toujours avec plus de précision, les facteurs pronostiques de l’apparition des problèmes de santé mentale, de l’incapacité prolongée, du retour au travail de salariés en absence maladie et de la réinsertion professionnelle de personnes plus éloignées du marché du travail. Il y a eu une explosion dans le développement d’outils et l’implantation d’interventions qui visent le retour et la réinsertion au travail à la suite d’un trouble mental/psychologique/psychique (terminologie selon les cultures), appuyées par de nombreuses recensions des écrits. Toutefois, ces outils et interventions restent parfois méconnus des nombreux acteurs de ces champs de recherche appliqués.

Les recherches tendent aussi à mettre l’accent sur l’influence que les différents acteurs peuvent exercer sur le retour et la réinsertion au travail, notamment le rôle des acteurs de l’entreprise et du réseau de la santé pour communiquer avec la personne concernée lors de sa reprise professionnelle et mettre en place des aménagements qui répondent à ses besoins, tout en considérant les exigences organisationnelles. Ces résultats ne sont pas sans rappeler le paradigme de l’incapacité au travail qui stipule que l’incapacité est la résultante de l’interaction des acteurs de 4 systèmes : 1) le système personnel et social (p. ex. le travailleur, son entourage) ; 2) le système de l’entreprise/l’organisation (p. ex. le gestionnaire, les ressources humaines, les collègues de travail, le syndicat) ; 3) le système de santé (p. ex. le médecin soignant, le psychiatre, les professionnels de la réadaptation au travail) ; et 4) le cadre législatif et le régime d’assurance (p. ex. l’agent d’indemnisation). D’ailleurs, plusieurs prédicteurs du retour ou de la réinsertion au travail relatifs aux acteurs de ces 4 systèmes ont, au cours des dernières années, été répertoriés dans la littérature scientifique.

Bien que les actions et interventions soient centrées sur la personne vivant ou ayant vécu un trouble mental, la réussite d’une reprise professionnelle durable favorisant le rétablissement reste une responsabilité collective où chaque acteur, de par ses compétences, est impliqué. Ce colloque,  enrichi par les expertises et expériences d’une trentaine de conférenciers, s’adresse donc à l’ensemble de ces acteurs !

Dans le cadre de ce colloque, pour alimenter les réflexions, interventions et actions, nous avons comme objectif d’offrir aux chercheurs et aux étudiants concernés par le domaine, ainsi qu’aux acteurs clés du retour au travail et de la réinsertion professionnelle, l’opportunité : 1) d’acquérir des connaissances sur les interventions et outils novateurs basés sur les meilleures pratiques en santé mentale et travail ; 2) de privilégier la communication/concertation interacteurs dans l’optique d’une reprise professionnelle durable favorisant le rétablissement. Ces objectifs seront appuyés par des études d’envergure internationale et par les travaux de la Chaire de recherche en santé mentale et travail. Dans cet esprit, ce colloque constitue une mobilisation des connaissances, plus encore un dialogue entre les chercheurs et les divers acteurs de la santé mentale et du retour au travail. Notre équipe convoque, en ce sens, tous les acteurs des systèmes de la santé, de l’entreprise et des assurances, sans oublier les personnes directement concernées par la maladie et leurs proches, pour notamment promouvoir les échanges sur les réalités et les expériences entre tous les protagonistes. La mise en place d’un tel colloque représente l’assise d’une première communauté de pratique francophone internationale dans le domaine, qui permettra notamment de tisser et déployer de nouveaux liens et partenariats entre les chercheurs et les acteurs des divers secteurs.

D’une durée de deux jours — les 20 et 21 octobre 2021 — ce colloque sera offert sous forme hybride, en présentiel et en distanciel, pour respecter les règles sanitaires gouvernementales qui seront en vigueur à l’automne 2021. De plus, il sera accessible en différé, permettant ainsi aux participants qui ne pourront pas assister à l’ensemble des 8 conférences, des 12 ateliers, des 2 témoignages, des 2 tables rondes et de l’activité fil rouge, de pouvoir le faire au moment opportun, aussi bien pendant l’événement que dans les semaines qui suivront.   

Au plaisir de vous y voir!

Marc Corbière, Ph. D., c.o.

Titulaire de la Chaire de recherche en santé mentale et travail